Après notre pause à Ardelaine, nous devons poursuivre notre route vers le sud pour aller rencontrer les membres de l'association Huiletic. Nous n'avons pas prévu à l'avance notre point de chute et décidons la veille de les contacter pour savoir s’ils auraient une idée d’un terrain disponible. Au téléphone je suis happée par l'enthousiasme de Cédric. Il me propose de venir dans le jardin en contrebas de la maison de sa collègue. Il me décrit le lieu : de l'herbe, de l'espace et même une petite rivière. Cela semble parfait ! Nous cherchons donc l'adresse sur une carte. Malheureusement, le lieu est trop loin pour s’y rendre en une journée à cheval. Cela nous rap.pelle notre changement de référentiel : 25 km c'est une journée pour nous, alors que sa collègue en fait le double matin et soir pour se rendre à l'association. Nous allons trouver une autre solution. Cédric nous propose de venir nous chercher à l’endroit où nous serons arrivées, pour nous conduire ensuite à l'association. Nous acceptons avec plaisir, cela nous donne plus de liberté quand à notre journée du lendemain. Alors que nous nous occupons des chevaux, Gérard Barras vient nous voir avec ses petits enfants, curieux de ces grands animaux dans l'enclos des brebis. Bien plus que nous, il s'inquiète de notre nuit du lendemain. Il propose d’en parler à sa fille, pensant qu’elle pourrait peut-être nous aider. Nous sommes très touchées par cette aide spontanée et nous nous couchons sereines quant à la suite du voyage. Le lendemain matin, en quittant Saint Pierreville, nous faisons halte dans une épicerie du village. Je laisse les 3 chevaux à Alexandrine et entre dans la petite boutique. En sortant, c'est la panique ! Les chevaux ont décidé d'écarteler Alexandrine et lui ont broyé les orteils tandis qu'elle essayait de répondre au téléphone. Nous décidons vite d'avancer pour retrouver le calme. Elle me raconte alors la chaîne de solidarité dont nous venons d'être les “victimes”. Elle a été appelée par Béatrice, la femme de Gérard que nous avons vu la veille. Leur fille a contacté une amie bergère pour savoir si elle pouvait nous accueillir. Malheureusement non. Mais cette amie a donné le contact de Bruno, qui lui aussi possède un peu d'espace à côté de sa maison et peut nous recevoir. Nous prenons donc la direction de la maison de l'ami, de l'amie, de la fille, de Béatrice et Gérard ! Après les émotions des dernières journées de voyage, le chemin de Saint Pierreville à Antraigues sera plus doux et paisible. Nous nous souvenons encore du goût du spéculos dégusté sous un grand arbre et devant une vue magnifique à Genestelle. Dernière étape avant Antraigues, le volcan de la Crau. Les chevaux traversent le pierrier avec dextérité. Mais la descente entre les arbres qui suit marque la limite de l'agilité de Kiri avec le bât. Je suis à pied pour le mener. Rien à faire, il se prend chaque tronc et ne semble pas s'en inquiéter... A Antraigues, nous sommes donc accueillies par Aude-Cécile et Bruno. Ils nous indiquent de monter le pré sur le terrain de foot des enfants. Le lendemain-matin celui-ci sera de nouveau opérationnel grâce à la tonte rase réalisée par nos trois franche-montagne et les crottins seront eux réemployés en fertilisant dans le potager. Un échange de services des plus naturels ! Ils nous proposent finalement de passer la nuit dans leur gîte, dont les travaux viennent de se terminer, et nous invitent à dîner avec leur ami qui tient l'épicerie du village. Nous sommes heureuses de partager ce moment avec une famille qui la veille n'avait pas connaissance de notre existence et nous accueille aujourd’hui avec une grande gentillesse. A table, la discussion est naturelle et chacun parle de ces projets de vie sans tabou. Cette soirée est l'une des nombreuses soirées du voyage où nous avons ressenti la chaleur de l'hospitalité et la magie d'une discussion simple et sincère avec des personnes inconnues quelques heures plus tôt. Le matin, Cédric vient nous chercher. Le hangar de l'association se trouve sur le bord de la départementale, Cédric nous fait visiter. Des bidons, des bidons, encore des bidons ! De toutes les tailles et de toutes les couleurs. Autour d'un café, il nous raconte l'histoire de l'association, les difficultés, les espoirs, les désillusions, les compromis. Cette histoire se mêle à sa propre vie, l'engagement sans limite pour l'association, le défaitisme vis à vis du politique et de l'environnement, le sentiment d'abandon. Il résiste dans un élan de création passionné et salvateur. Je suis frappée de plein fouet par sa réalité : un combat engagé pour l'environnement, mais qui n'entre pas dans les standards de la société pour être rémunératrice. Que faire ? Continuer, et vivre dans la précarité. Abandonner, et suivre sans passion une route normée. Cédric a choisi de continuer. Il porte de toutes ses forces l’association Huiletic. Cette association collecte les huiles usagées des particuliers et de plus de 900 restaurateurs dans un rayon de 150 km autour d’Asperjoc, évitant ainsi le rejet sauvage de ces huiles dans la nature. Elle en revend ensuite une partie à des industriels pour faire des biocarburants et souhaite transformer la partie restante en huile de chaîne de tronçonneuse, pour limiter la pollution en forêt. Investir dans un local, du matériel, un véhicule, se verser un salaire et sillonner les routes de la région la semaine durant : tout cela a un coût, que la collecte gratuite et la revente d’huile au prix du baril ne comble pas. Sans soutien financier public, Huiletic fonctionne à perte et Cédric devient bénévole. Mais malgré les difficultés, il dévoue à ce projet toute son énergie et compte bien que le slogan ‘Plus une goutte d’huile en Ardèche’ le fasse vivre un jour.
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Alexandrine raconte... La liberté, en voyageant avec un cheval de bât, c’est le luxe de pouvoir se passer d’un programme. C’est de pouvoir aller où l’on veut, quand on veut, au gré de ce que l’on découvre sur la route. Mais cette liberté fait peur. L’inconnu fait peur. Surtout quand on trois grandes bêtes à nourrir et à installer confortablement tous les soirs en juste contrepartie de leurs services rendus. Donc au début, on assure nos arrières avec des points de chutes bien définis. Et puis petit à petit, chacun trouve sa place. Les chevaux maîtrisent le travail du bât, les cavalières maîtrisent le travail de la carte, la troupe arrive à décaler vers 9h et les kilomètres défilent. On a entendu sur la route qu’il serait dommage de traverser l’Ardèche sans passer par les monts du Mézenc et du Gerbier. (Notre programme, lui, pensait tracer tout droit. Efficace). Alors ça y est, on se sent prête pour le grand bain et on décide de quitter les sentiers battus pour se lancer à l'assaut des deux sommets. Il s’agit de décrire un arc de cercle vers le Nord pour grimper sur la ligne de crête, y rencontrer le Mezenc puis le Gerbier, avant de redescendre boucler la boucle une trentaine de kilomètres sous notre point de départ. Une affaire de trois jours à travers les Sucs volcaniques. Trois jours les plus chaotiques du voyage. Qui ont éprouvé les nerfs des cavalières, occasionné la perte de gants et le déchirement d’un pantalon, donné un aperçu du blizzard polaire et fait trembler les chevaux. Digression Je serais donc tenté d’écrire “mal nous en a pris”. Mais en y réfléchissant, je ne le crois pas. Dans les trois quarts du temps, en voyage, il ne se passe rien. Rien qui puisse se raconter avec des verbes d’actions haletantes. Lire une dissertation de 15 pages sur la douce quiétude qui s’installe lorsque, bercé par les pas d’un cheval, on observe lentement le paysage se transformer est ennuyeux. (Rien qu’avec cette phrase je vous ai perdu). Expliquer pourquoi il est si agréable de ne rien faire d’autre que de profiter du moment présent en vivant au grand aire est trop ardu pour s’y risquer. Alors au retour, quand arrive l’inévitable question “Raconte, c’était comment ?! ”, eh bien on ne répond pas grand chose d’autre que “C’était bien”. Malheureusement, cela satisfait rarement la curiosité de notre interlocuteur avide de sensations fortes. Alors on ressort les grands moments épiques de notre aventure, qui se comptent sur les doigts de la main mais qui laissent des souvenirs impérissables. Ces fameux trois jours vers le mont Gerbier en font partie. Nota bene : Vous pouvez choisir d’arrêter votre lecture ici, ou de continuer pour découvrir nos péripéties. Seulement, ne soyez pas déçu si elles ne sont pas à la hauteur de ce teasing. Souvenez vous qu’une simple pluie ou qu’un simple tronc couché peuvent sembler inoffensifs, comme se révéler cataclysmiques lorsqu’on a trois chevaux à gérer, un bât et 30km dans les pattes. Fin de la digression Jour 1 L’arrivée sur le plateau nous offre une vue panoramique sur la crête en arc de cercle, jalonnées des deux sommets emblématiques. Dans quelques jours nous serons en face. Grisant. Mais après 8h de route, nous sommes toujours perdues au milieu de fourrés humides, à sortir puis rouler en boule nos attirails de pluie au gré des caprices météorologiques. Alors que nous tournions tranquillement à un rythme de 15 à 20 km par jour depuis notre départ, nous dépassons aujourd’hui la 30e borne et notre havre hospitalier pour la nuit semble encore loin. Plus grisant du tout. La fatigue pèse sur les muscles et le moral. Étrangement, alors que j’adopte une démarche de canard pour tenter de détendre mes jambes, je suis envahie par un sentiment de colère inexpliqué. Sentiment toxique pour le bon fonctionnement d’un groupe, vous en conviendrez. Surtout lorsque vous êtes perdu au milieu d’une zone humide. Heureusement Camille prend la tête de notre petite troupe et nous conduit à bon port au village de Fay-sur-Lignon. 40 km au pas, ou le jour le plus long de notre périple. Cette anecdote paraît sans intérêt, pourtant c’est ici que l’histoire de notre troupeau à 5 commence à s’écrire. (Sortez les mouchoirs). Lorsqu’un membre commence à flancher, un second prend le relais. (Fin du mélo). La montée raide jusqu’au pré que nous avons déniché semble insurmontable. Heureusement, notre hôte nous attend avec un sirop de sureau qui, c’est bien connu, guérit tous les meaux. La petite soixantaine, artisan maçon, notre hôte est d’une gentillesse et d’une jovialité sans faille. Alors qu’il s’apprête à se rendre à un match d’impro (dont il est grand fan), il décale ses plans pour nous et installe les chevaux dans une pâture immense. Si grande qu’on doute un instant de les retrouver au matin. Cette question passe aussi vite qu’elle est venue. Il est 19h30 et notre seule aspiration est de monter la tente et de s'asseoir devant un bol de pâtes au pesto. Jour 2 Au matin du 2e jour, nous faisons connaissance avec la burle. Un vent qui hurle à s’en faire mal aux oreilles. On resserre les tendeurs autour de la bâche du bât qui menace de prendre son indépendance, on s’emmitoufle dans capuche et bonnet, les chevaux s’abritent les uns les autres et on se fraye un chemin dans ce boucan. Le soleil est haut et pourtant l’on s’imagine facilement la rudesse de ce climat en hiver. Ce qu’on imaginait pas en revanche, c’est que l’hiver arriverait de sitôt. Le contournement du Mezenc et la perte d’altitude nous offre un répit et nous profitons du panorama grandiose en déambulant entre les sucs volcaniques. Nous arrivons devant une exploitation, où les vieux hangars côtoient les vieilles ferrailles. Une quinzaine de chiens hurlent à la mort. Pas âme qui vive. Peu rassurées, on s’engage pour atteindre l’estive au bout de la route quand on aperçoit une silhouette courant vers un hangar. On en est persuadé, le gars va ressortir avec une carabine pour nous interdire le passage. On entend un moteur. Notre imagination s’emballe. Finalement on découvre la silhouette en train de déplacer son tracteur pour nous ménager un passage vers l’estive. Il nous adresse ce que l’on interprète comme un sourire et nous enjoint de bien refermer les portes. On promet en lui rendant son sourire et en méditant sur les apparences trompeuses. L’après-midi est longue. Il faut remonter les 400m de dénivelés perdus le matin, accepter les averses qui tombent sans sommation et composer avec les moto-cross plus surprises que les chevaux de nous croiser au détour d’un chemin. Prenez ces trois éléments adverses simultanément, ajoutez-y la fatigue de la journée et la faible expérience en maniement de bât, vous obtiendrez un tas emmêlé de chevaux et de cavalières. Dans ce bazar, un piquet de clôture du bât vient griffer ma cuisse et déchirer mon pantalon. Cet épisode sonne le début d’une nouvelle activité vespérale, la couture. A peine remontées sur la ligne de crête, nous retrouvons la burle. Cette fois accompagnée de son amie la grêle. Le Gerbier se découpe sur un ciel noir, dans une ambiance irréelle. Pas le temps pour la contemplation, il faut trouver un abri pour la nuit. Nous avions repéré ce matin sur la carte une sorte d’exploitation équestre. Les 7km qui nous en séparent, sur le bitume et sous la tempête, ne sont pas les plus agréables du voyage. Le cow-boy qui nous accueille est un personnage à lui tout seul. Malgré ses rodomontades, il prend soin des chevaux et les installe dans un paddock. Pour nous, il nous propose de partager l’écurie de son étalon Quater-Horse. On s’installe donc dans le foin et on cauchemarde toute la nuit en imaginant nos compagnons en proie à la Burle. Jours 3 Effectivement, au matin les chevaux n’ont pas passé la meilleure nuit de leur vie. Ils tremblent. On lève le camp en une demie heure, sous la pluie et dans une panique à peine maîtrisée. Pendant deux heures, on marche en bravant les bourrasques et la trombes d’eau pour tenter de réchauffer l’équipe. Dans un village désert, la pharmacie indique 2°C, mais le ressenti approche plutôt les - 8000. Dans notre départ précipité, j’ai égaré mes gants. Ce n’était vraiment pas le jour pour ça. Impossible de tenir en longe Saro sans perdre mes doigts. Je le passe donc à Camille et rapatrie mes mains sous mon imper. Les chevaux marchent en crabes pour se protéger des bourrasques. Véritablement, l’ambiance est apocalyptique. Mais la fin du monde n’est finalement pas pour aujourd’hui et le temps finit par s’apaiser. Cette tempête nous laisse hagards, perdus dans un paysage brumeux et détrempé. Notre unique objectif est de perdre de l’altitude pour s’éloigner de ce climat de fou. Alors on s’enfonce sans sourciller dans un chemin forestier qui descend dans la vallée. Si nous avions croisé ce chemin à la fin du voyage, l’expérience nous aurait dissuadé de l’emprunter avec le bât. Mais à cet instant, l’expérience, nous ne l’avions pas. Ce qui devait arriver arriva. Après deux heures de descente compliquée, où chaque passage délicat franchi interdit un peu plus le retour en arrière, nous voilà bloquées devant un gué. Dérisoir pour un piéton. Infranchissable pour un cheval chaussé de sabots. En effet, nous sommes dans une petite ravine et le seul passage pour traverser et récupérer le sentier a été aménagé avec des grosses pierres en dalles rondes et glissantes. Impossibles d’engager les chevaux dessus. Impossible également de faire demi-tour. Je rajouterai enfin que le GPS a perdu notre trace. Après une heure de recherche, on finit par repérer une trouée sur le flanc raide de la berge opposée, qui pourrait être empruntée pour rejoindre le sentier. On explique aux chevaux qu’on a pas de meilleure solution, qu’ici ils n’ont de toute façon rien à manger, qu’il faut nous faire confiance et que ça va passer. Je convaincs Mousky en premier. Ca passe. Kiri suit avec Camille. Ca passe aussi. Saro, bâté, ne veut pas être en reste et décide de nous suivre avant que nous soyons revenu le chercher. Mais avec le bât, ça ne passe pas. Saro est coincé, le bât dans un tronc, sur une pente à 60° avec le cours d’eau en contrebas. Tout compte fait, la fin du monde est peut-être pour aujourd’hui. On se précipite pour l’aider à se libérer. En tirant sur ses jarrets et son dos, il parvient à se hisser sur le chemin pour rejoindre ses copains - les cavalières se sentent un peu (beaucoup) coupables de les avoir entraînés dans cette affaire. Vous pensez peut-être comme nous que le sort s’est suffisamment acharné pour aujourd’hui. Que nenni. 1 km plus loin, un arbre déraciné par la tempête nous coupe la route. Qu’importe, on le contourne en se frayant un chemin à coups d’opinel dans les ronciers. Plus loin, c’est le chemin qui disparaît, purement et simplement, en nous laissant face au vide d’une corniche. Y a des jours comme ça. Le soleil revient alors que nous retrouvons les châtaigniers dans la vallée. Nous avons rendez-vous à Saint-Pierreville avec Béatrice Barras, une des fondatrice d’Ardelaine. Il se peut que nous ayons un pris un peu de retard. Nous croisons une dame sur la route, intriguée par notre convoi. Nous nous octroyons une pause en discutant avec elle. Je suis toujours surprise de la chaleur et de la spontanéité de ces rencontres impromptues. Nous nous connaissons à peine que déjà elle serait prête à nous héberger. Ce serait tentant si nous n’étions pas attendues ailleurs. Il est 17h et les chevaux nous signifient qu’il est l’heure du casse dalle. Alors plus le temps pour les palabres, direction Ardelaine. L’endroit est magnifique, Béatrice, Willy et Nadia sont extrêmement accueillants, les chevaux sont confortablement installés et les cuirs mériteraient bien un coup de graisse. Nous décidons donc que notre tente restera plantée un jour de plus ici. Il faut bien se remettre de ses émotions. L’histoire d’Ardelaine est belle. Les valeurs qui y sont défendues sont justes. La cohérence de son fonctionnement est sans faille. Son engagement dans la vie du territoire nous a touché. Mon récit s’est déjà bien top éternisé, alors nous vous laissons découvrir cette belle aventure humaine, écologique et sociale à travers notre vidéo et notre plaquette ! Alexandrine raconte... Nous avons quitté Antoine après la traite, et faisons route vers St Félicien où nous attendent Camille et Manu. Bien sûr, ces trois là se connaissent. Bien sûr, le second Antoine que nous présentera demain Camille, connaît Philippe, du domaine de la Rivoire que nous avons quitté trois jours plutôt. D’amis en recommandations, notre route a pour toile de fond un continuum de personnes se connaissant de proche en proche, et le monde semble bien petit parcouru ainsi à cheval. Camille et Manu tiennent un relais équestre, où nous projetons de nous arrêter le temps d’une journée. Voilà quatre jours que nous nous débarbouillons à l’eau des fontaines, le froid est mordant pour la saison et nous arrivons à court de vivres. La perspective d’une douche et d’une nuit au chaud est donc réjouissante ! Nous progressons au milieu des genêts. Le soleil brille, les chemins sont agréables et Mousky, qui a très bien compris le travail du bât, nous suit tranquillement. Bref, tout va pour le mieux. Puis, le sentier débouche sur une grande prairie bordée d’arbres, une rivière coulant en contrebas. Un lieu idyllique. Le spot de sieste rêvé. Nous apercevons le sentier qui se poursuit par delà la rivière, après l’avoir traversée par un petit pont. Un trop petit pont. Encadré de deux balustrades, il n’est large que de 130 cm là où il nous en faudrait 150 pour traverser avec le bât. Laissant les chevaux profiter de l’herbe grasse de ce début de saison, nous longeons la rive à pied à la recherche d’un endroit où traverser à gué. C’est peine perdue. Des barbelés clôturent les berges et le pont apparaît comme la seule trouée. Nous considérons l’option de faire demi-tour, mais cela ajouterait 12 km au compteur d’une journée déjà bien entamée. Nous nous résolvons donc à débâter Mousky. Il nous faut ensuite transporter les caisses, puis faire traverser les chevaux et enfin, une fois l’équipe et le matériel réunis sur l’autre rive, rebâter de nouveau. Franchir ces 10 mètres nous aura demandé une bonne heure. Tant pis pour la sieste… Au détour d’un chemin, l’horizon s’ouvre et nous laisse apercevoir les crêtes du Vercors. Seule la vallée du Rhône nous sépare de ce massif auquel nous faisons exactement face. Leçon de géographie grandeur nature. Le Grand Veymont est enneigé, tout comme les sommets voisins. Peut-être l’avions nous déjà dit, mais le printemps semble avoir deux mois de retard cette année et le temps est particulièrement froid pour la saison. Aussi avons nous une pensée émue pour les cavaliers des Monts d’Or, partis en même temps que nous mais en direction de ces plateaux enneigés. Alors que nous contemplons le massif, nous les imaginons affronter un blizzard digne du Grand Nord et notre situation nous paraît alors parfaitement confortable. La halte chez Camille et Manu est très douce. Outre le confort d’un lit au chaud et la satisfaction de savoir les chevaux bien installés, outre le plateau magique de pâtes à tartiner et les repas délicieux, c’est avant tout la bienveillance et la conversation passionnante de nos hôtes que nous retiendrons. Tout plaquer pour s’installer en Ardèche. Restaurer une fermette, y monter un projet d’accueil. Reprendre des études de Shiatsu équin. S’inventer carreleur, maçon et boulanger. Fabriquer ses produits ménagers, faire vivre les producteurs du coin, s’impliquer dans le tissu associatif local. S’essayer à un mode de vie décroissant. Camille est aussi bavarde que Manu est taiseux, mais tous deux partagent le même plaisir d’échanger, sur tout et avec tout le monde. Sur la cuisson de la brioche, la conservation de la biodiversité, le crottin de cheval ou les initiatives alternatives à 50 km à la ronde. Et toujours sous le coude un livre à prêter pour alimenter une réflexion. Autant vous dire qu’on repart avec une pile à lire impressionnante. C’est grâce à Camille que nous avons pris contact avec Antoine et Magalie, les boulangers paysans de Pailharès. Alors que les chevaux profitent d’une journée de repos au pré, c’est elle également qui nous accompagne à leur rencontre. La ferme de Tisseron n’est pas de ces lieux où l’on arrive par hasard. Les chemins pluvieux que nous suivons pour aller à la rencontre d’Antoine et Magali ont comme un petit goût de bout du monde. A la fin du chemin de terre, nous apercevons pourtant un vieux corps de ferme et notre présence est immédiatement détectée par les chiens. Antoine, qui travaillait le bois dans son atelier, vient à notre rencontre. De la première à la dernière, chacune de nos rencontres nous aura fait ressentir cette ambivalence entre appréhension et curiosité. Nous sommes assez lucides pour savoir que nous pouvons être perçues comme deux petites citadines (pire même, parisiennes) venues se perdre dans la cambrousse. Nous savons également que notre passage peut sembler une intrusion dans la vie de travail, mais aussi de famille des personnes que nous rencontrons. Aussi, les premières minutes de nos rencontres sont souvent celles où l’on patauge un peu. Mais c’est à ce moment que les chevaux entrent en jeu et nous sauvent la mise ! Troisième pion dans la partie, ils décentrent la relation binaire et directe qui s’installerait entre nous et notre hôte pour devenir la préoccupation centrale de tous. Nous cherchons à les installer confortablement pour la nuit, et notre hôte se plie en quatre pour nous aider dans cette tâche. L’attention n’étant alors plus portée ni sur nous ni sur lui, la glace se brise, les langues se délient et le naturel revient au galop. Mobilité d’un autre temps, le cheval intrigue. Il rappelle des souvenirs passés. Il fait aussi sourire. Le sourire des inconnus à pied, à vélo ou en voiture qui nous croisent sur la route, mais aussi des personnes chez qui nous nous attardons. Nos trois chevaux, notre fourbi, les heures de préparation minutieuse, l’attention portée au bien être de nos compagnons de route… Les personnes que nous rencontrons y sont sensibles, et peu à peu les parisiennes sont oubliées pour laisser place aux cavalières voyageuses. Aussi sommes nous assez dépourvues de débarquer chez Antoine sans Mousky, Saro et Kiri. Mais nous ferons sans eux aujourd’hui ! Après s’être salués sous la pluie, nous rentrons nous abriter dans l’atelier. Antoine semble réservé. L’appareil photo et autre micro restent donc pour le moment au fond de nos sacs et nous ouvrons la discussion sur ce qui nous entoure : le bois. Nous ne savons pas grand chose de ce couple, hormis que Camille leur achète du pain au marché le dimanche matin. En venant, nous avons aperçu des moutons et des chevaux de trait, et nous voici maintenant entourées de planches et sciures de bois. Notre curiosité est attisée. Quel est le lien entre toutes ces activités ? Alors Antoine nous raconte. Il nous raconte sa passion pour le travail du bois. Ébéniste de formation, il rêve de débarder avec ses chevaux et de fabriquer des meubles, maîtrisant ainsi de bout en bout la filière du bois. Il nous raconte la volonté d’autonomie, qu’il partage avec sa compagne Magalie. C’est dans cette philosophie qu’ils ont rejoint un projet de collectif monté par des amis à Tisseron. Ce projet n’a pas tenu mais qu’importe. Magalie et lui ont racheté la ferme, décidés à y lancer une agriculture vivrière très diversifiée. Il nous raconte alors leur formation de berger, l’élevage de brebis, leur choix de sélection vers une race rustique et locale. Puis la culture de légumineuses, de pommes de terre et de châtaignes. Puis la production de fruits, en leur transformation en jus dans une coopérative locale. Enfin la production de céréales et la confection du pain, activité dont il dégage leur principal revenu. Il nous raconte son choix de la traction animale et sa peur d’y renoncer, par goût de la facilité, s’il achète un jour un tracteur. Il est toujours captivant d’écouter quelqu’un de passionné, et il est toujours plaisant de parler de sa passion. Une réciprocité qui favorise les échanges simples et vrais. Antoine nous emmène alors visiter son atelier de meunerie et son four à pain, puis nous invite chez lui à boire un verre. Attablés dans la grande salle, nous dégustons ses jus de fruits maison et faisons la connaissance de Magalie et de leurs deux jeunes enfants. Les conversations filent : la difficulté de faire sa place sans famille agricultrice garante, le regard réprobateur des anciens face à leurs choix de techniques paysannes d’antan, leur potager, leur pain et leur viande qui leur permettent d’atteindre une quasi autonomie alimentaire… Le couple vit avec 1000€ par mois et pense pouvoir dégager, à terme, deux smics de leur production. Cette somme nous paraît bien faible pour faire vivre une famille de quatre personnes. Pourtant, Antoine et Magalie nous assurent se satisfaire parfaitement de ce revenu. Premièrement, étant propriétaires de leur ferme et pratiquant une agriculture vivrière, ils n’ont pas à assumer ces deux postes de dépenses que sont le logement et l’alimentation. Ensuite, la raison principale demeure leur philosophie de vie : le couple a choisi de vivre de leur passion avec sobriété. Les rencontrer nous aura ouvert une nouvelle perspective. Il est claire que tout le monde ne pourrait pas vivre ainsi, mais ramener une forme de sobriété dans nos vie où l’on ne discerne parfois plus le futile de l’essentiel nous apparaît maintenant comme une évidence. Puis vient l’heure de rentrer les brebis. Nous suivons Magalie sur les chemins, le plus jeune des enfants installé sur son dos et l'aîné équipé de bottes trottinant à côté. Arrivée au limite du parc, elle appelle et il ne faut que quelques minutes pour voir apparaître les premières toisons derrière les fourrées. Elle guide ensuite le troupeau vers la bergerie et nous fermons la marche, comme sur le pas-de-porte d’un autre monde.
Camille raconte... Ce matin, au moment d'assaisonner la salade pour le picnic du midi, impossible ! L'huile s'est solidifiée dans la bouteille. Bonnets vissés sur les oreilles, nous partons dans un grand éclat de rire. Après la neige de la veille et la danse nocturne autour du réchaud pour se réchauffer, nous sommes prêtes pour cette nouvelle journée emmitouflées sous plusieurs couches de vêtements. Saro dans une main, Mousky bâté de l'autre, à pied, je marche en tête. Nous arrivons à un ruisseau. Un pont permet au piéton de traverser, il est étroit et il faut monter quatre marches pour le prendre, ce sera à gué pour nous. Le premier ! Il n'est pas très impressionnant, mais impossible de passer sans se mouiller les pieds, Je décide de remonter en selle. En un instant, j’oublie toutes les bonnes pratiques de randonnées. Coincée entre le bât et la selle, sans montoir, j’essaye de monter. Oui “j’essaye”, les randonneurs en train de traverser sur le pont ont dû se demander quel était ce drôle de singe suspendu à la selle... Une fois en selle, ce n'est pas fini. Saro rechigne à mettre les pieds dans l'eau. Mousky prend les devant et quittant sa place de cheval de bât entre dans l'eau. Les doigts accrochés à la longe de Mousky, je motive Saro à rentrer dans le ruisseau et à rattraper le preneur d'initiatives. La course poursuite se termine finalement autour d'une touffe d'herbe de l'autre côté. Alexandrine nous rejoint hilare. Aujourd'hui l'heure est grave. Nous n'avons plus de pain. Base de notre alimentation, cette denrée est précieuse. Nous nous mettons en quête d'un quignon à se mettre sous la dent. Mais les épiceries des quelques villages que nous traversons sont fermées. Nous avons fait une erreur fatale. Nous sommes lundi. Et le lundi, tous les commerces sont fermés. Une lueur d'espoir éclaire nos yeux, un panneau indique une épicerie ouverte le lundi. Nous hâtons le pas. Déception, il est 14h15 et le magasin est fermé entre 12h et 16h. Nous repartons bredouille. Antoine et Cécile, on nous en parle presque depuis qu'on est parti. « Les meilleurs yaourts de brebis du monde ! » Alors nous avons plus que hâte de les rencontrer. Ils habitent au hameau de Tersas, mais nous n'avons pas plus d'information. Heureusement, en arrivant nous croisons des voisins qui nous indiquent la direction à prendre pour trouver la bergerie. Antoine vient à notre rencontre, les voisins l'ont prévenu de notre arrivée. Tout sourire, il nous indique un enclos à brebis pour les chevaux, et un espace à côté des jeux des enfants pour notre tente. Parfait, nous étudions la position stratégique où décharger les chevaux pour avoir le minimum de transport et commençons à débâter. Alexandrine panique, son manteau de pluie n'est plus sur la selle. Sans ce précieux manteau, la rigueur du climat risque d'être beaucoup moins supportable. Elle part. Elle marche. Tout le chemin qu'on a fait. 500m. 1 km. Le manteau ! Juste là où nous étions descendu. Soulagement, la pluie peut continuer de tomber. Antoine est né dans une famille de musicien. Passionné par l'élevage, il suit des études agricoles. Puis il se forme en travaillant dans plusieurs exploitations, pour la plupart en bio et de brebis. Cette expérience acquise il souhaite s'installer à son compte avec sa compagne Cécile. Mais dans sa situation, ni fils d'agriculteur, ni de la région, il est très compliqué d'accéder à la terre. C'est à Tersas qu'il rencontre sa bonne étoile : une dame qui fait confiance aux jeunes qui veulent se lancer. Des parcelles, quelques brebis, une maison dans le hameau, une fromagerie à la cave et l'aventure peut commencer ! Le projet se construit ensuite avec le temps. A côté de l'étable, la ferme accueille maintenant une fromagerie toute neuve. Et en contre-bas, Antoine s'investit sur un nouveau chantier : leur future maison. Cécile a pendant un temps travaillé avec Antoine à la ferme. Aujourd'hui elle a troqué le bâton de bergère pour le tablier de cuisinière. Elle travaille à l'Effet Local, restaurant qu'elle a ouvert avec deux associées, où elles cuisinent les produits du terroir et prépare la cantine pour l'école du village. Pour l'aider, Antoine emploie donc deux salariés : Aline à la fromagerie et Laurent à la traite et à la livraison des fromages. Cécile vient nous saluer avec Macéo, le plus jeune de leurs deux garçons. Celui-ci intrigué par notre voyage, nous demande si on fait le tour de monde. Presque ! Le tour du Massif Central. Mais un jour peut-être… Toute la famille part à l'audition de musique de Joannès, le plus grand. Mais avant de nous laisser, ils nous ont bien gâtées. Du fromage, du pâté et des œufs, nous n'allons pas mourir de faim ! Ce soir œufs brouillés et fromage à la cuillère. Ah… ce morceau de pain se fait encore plus remarquer par son absence ! Mais cela n'enlève rien au goût délicieux du fromage. Et nous ferons bientôt honneur au pâté. Il est 6h30. L'heure de la traite. Nous avons l'habitude maintenant de ces réveils matinaux et rejoignons Antoine à la bergerie. Les brebis, douze par douze, se précipitent pour manger le grain qui les attend. Attentif, Antoine positionne les gobelets trayeurs en vérifiant la bonne santé de ses animaux. C'est par passion qu'Antoine à choisi d'élever des brebis. Pendant plus d'une heure, nous discutons brebis, bio, rythme de vie avec en fond sonore le cliquetis de l'appareil de traite. A la fin de la traite, Aline, l’une des deux employés, a rejoint Antoine et nous les accompagnons reconduire les brebis à la pâture. Petit moment de douceur au son des cloches. Nous regardons le troupeau s'éloigner au loin. Aline nous emmène maintenant à la fromagerie. Nous enfilons charlottes et surchaussures, et entrons dans la chaleur de la fromagerie. Aline nous montre comment tourner les fromages. Nous essayons. Ce n'est pas évident. Mais une fois le coup de main pris, on y prend goût ! À la ferme, les vacances sont rares et les journées sont longues. C'est un métier passion pour Antoine, mais il tient à se libérer du temps pour sa famille. La monotraite lui apporte de la flexibilité et le choix d'acheter le foin et les céréales limite sa charge de travail. Enfin il se libère certains week end en se relayant avec ses deux employés pour assurer la traite.
Finalement la vie à la ferme est un choix de vie pour Antoine et Cécile. Un choix aussi pour élever leurs deux garçons. Un bol de lait de la traite du matin au petit déjeuner, quoi de mieux pour commencer la journée ? Alexandrine raconte... Il pleut. Ce sont les premières gouttes que nous essuyons depuis le départ. Loin d’entamer notre moral, cette pluie apporte avec elle un sentiment d’excitation, grisant. Le voyageur, happé par la route, l’arpente qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Alors nous, sous cette pluie battante en cette 3e matinée de route, nous avons le naïf mais agréable sentiment d’entrer véritablement dans le voyage. Nous avons bivouaqué 200m sous le point culminant du massif du Pilat, le Crêt de la Perdrix (1432 m). Nous avions envisagé, lors de la préparation de notre tracé, d’y grimper avant de reprendre la route, mais la pluie et l’horizon bouché par d’épais nuages nous donnent une excuse pour abandonner cette velléité. Aurions-nous profité d’un grand soleil que nous ne serions probablement pas montées non plus... Hier soir, nous avons commencé à faire cuire nos pâtes à 22h, à la lumière de nos frontales et dans un vent glacial. Ce matin, le réveil a sonné aux aurores. Moins chaotiques que la veille, nos préparatifs n’en restent pas moins sans fin. Nous avons commis quelques erreurs stratégiques : les chevaux pâturent dans un pré, loin de la tente plantée à l’abris du vent, mais aussi des caisses de bât et des selles dissimulées contre un muret et de la ligne d’attache située en haut d’une colline. Niveau optimisation, on peut encore mieux faire ! Saro, qui découvre le bât, est effrayé par la bâche. Nous nous armons de patience et douceur, et à force de volonté, nous finissons par prendre la route. Il est 11h. Nous rêvions ingénument d’entrer dans le temps du voyage, de s’envoler avec lui et de l’oublier. Mais pour l’instant, le temps file et nous laisse sur place. La traversée de Bourg Argental est un rude apprentissage de la conduite de notre convoi en zone urbaine. La ville est coupée de part en part par une grosse départementale très roulante. Nous devons nous y insérer, puis l’emprunter sur 400m, avant de retrouver des rues parallèles moins passantes. Rompus à ce genre d’exercice, les chevaux restent parfaitement stoïques dans la circulation. Nous beaucoup moins ! Dans le stresse, nous perdons la ligne d’attache, qui tombe sur la route. Le bus qui nous talonne s’arrête alors et un passager en descend. Il ramasse et nous tend la corde en souriant gentiment. Nous venons d’immobiliser pendant quelques minutes la circulation dans le cœur du bourg. Pour une traversée rapide et discrète, on repassera ! Nous pensions pouvoir profiter de ce passage en ville pour nous ravitailler avec les chevaux. Cette idée nous paraît maintenant fort présomptueuse, et nous nous hâtons plutôt vers le sentier du parcours sportif, seul répit que peut nous offrir la ville pour continuer sa traversée ! Nous sommes accueillies à la Rivoire par Cédric. A en juger le pain qu’il tient sous le bras, nous supposons qu’il s’agit du boulanger-paysan du collectif. Avant de faire plus ample connaissance, il nous faut répondre à la sempiternelle question : où installer les chevaux pour les 2 jours que nous allons passer ici ? Cédric nous conduit à travers les parcelles du domaine et nous optons ensemble pour un terrain au dessus de ses cultures. Camille monte le pré et achemine de l’eau dans une brouette qui fera office d’abreuvoir pendant que je commence à desseller. Alors que nous finissons de panser les chevaux, quatre hommes viennent à notre rencontre. Ils nous saluent, nous questionnent sur notre périple, notre matériel, nous aident dans nos dernières tâches. Michel, Sylvain, Philippe, Julien, Cédric, tous nous témoignent un intérêt sincère et nous accueillent avec chaleur et bienveillance. A peine arrivées, encore engoncées dans nos manteaux de pluie, nous ressentons déjà la force du collectif. Cela faisait 20 ans que le domaine de la Rivoire abritait des chambres d’hôtes lorsqu’Alexandra et Guillaume l’ont découvert. De retour d’un voyage en Inde, consacré en partie à la réalisation d’un reportage sur les Intouchables, le jeune couple cherche à s’établir pour lancer une activité de maraîchage et d’accueil. La Rivoire les séduit mais impossible, à deux, de racheter l’intégralité du domaine. Il faudrait être plusieurs. Se dessine alors peu à peu l’idée du Centre Agroécologique : un lieu en partage pour des activités indépendantes, liées par la volonté de vivre et de produire dans le respect de l’environnement. Alexandra et Guillaume font marcher leur réseau. Il leur faut trouver de futurs associés, adhérant aux valeurs de leur projet et qui seraient prêts à acheter une part du domaine et à y développer leur activité propre. La SCIC de la Rivoire est finalement fondée en 2017, et petit à petit, ce sont 8 entrepreneurs qui rejoignent le projet. Au commencement il y a donc Alexandra, qui relance une activité de chambre d’hôte sur le domaine. L’objectif est de favoriser un tourisme durable et responsable. Et puis il y a Guillaume, qui, après avoir exercé quatre métiers différents, apprend le maraîchage en même temps que se monte le projet à la Rivoire. Il est rejoint sur l’activité par Julien, ex ingénieur en développement informatique, et Ingrid. Ensemble, ils fondent l’entreprise « Rivoire et Cagette » et travaillent en agriculture biologique, selon l’esprit de la permaculture. Fabienne et Philippe viennent à leur tour se greffer au projet. Auparavant installés en Ardèche, ils transfèrent leur activité de pépinière de plantes comestibles et mellifères à la Rivoire. Leur travail vise à proposer des compositions végétales pour restaurer la biodiversité dans les jardins des particuliers et des collectivités. Cédric est quant à lui arrivé à la Rivoire il y a un an. Ne trouvant pas l’épanouissement dans ses études en fac de sciences en région parisienne, il décide de s’orienter vers ce qui l’attire : le retour à la terre. Il suit alors un BTS agricole et saisit l’opportunité proposée au domaine de la Rivoire pour lancer sa propre activité de boulanger-paysan. Michel et Sylvain, enfin, développent à la Rivoire leur activité ‘d'éducateurs grimpe dans les arbres’. Derrière ce titre intriguant se cache une pratique sportive, doublée d’une pédagogie visant à reconnecter le public à la Nature. Tous ces membres du Collectif nous ont accueillies avec chaleur et ont pris de leur temps pour nous présenter leur activités. Nous avons eu la chance, pour les trois nuits de notre séjour, de planter notre tente au milieu de la future Cité des Arbres. Cette Cité est un projet porté par les deux grimpeurs d’arbre du collectif : des habitats légers suspendus aux arbres y accueilleront bientôt des campeurs, sur une trame de fond de sensibilisation à l’environnement. Vendredi matin. Nous n’avons pas mis de réveil et nous émergeons tranquillement avec le soleil. Camille allume son portable tardivement, alors que nous finissons notre petit-déjeuner. Un message de Guillaume nous informe que nous sommes attendues par Philippe à la pépinière à 9h. Il est 9h05. Flûte. Nous courrons à notre rendez-vous, en avalant une dernière tartine sur la route. Ainsi, alors que nous l’aidons à repiquer des crassulacées, Philippe nous raconte l’histoire de sa pépinière et les beaux enjeux de son activité. Vendredi midi. Tous les membres du collectif se réunissent pour partager un repas. Les woofers, et toute personne se trouvant là pour quelque motif que ce soit (à savoir ce vendredi, les deux cuisiniers, Camille et moi), sont également conviés. Chacun apporte quelque chose (oups, notre péripétie à Bourg-Argental nous ayant coupé les vivres, nous nous sommes trouvées quelque peu démunies !), tout le monde cuisine ensemble et une grande table est dressée sur la terrasse. Arrivées depuis moins d’une journée, nous nous sentons parfaitement intégrées au milieu de cette joyeuse tablée. L’après-midi, Guillaume propose à la famille séjournant pour le week-end dans le gîte une initiation au concept de permaculture. Nous nous sommes fondues dans les rangs et, ravies de cette aubaine, l’avons suivi à travers ses parcelles. La permaculture, c’est d’abord une connaissance extrêmement fine du territoire. Il s’agit de connaître parfaitement toutes les caractéristiques pédologiques, climatiques, topographiques et hydriques, mais aussi la faune et la flore endémiques. Ce travail d’observation permet d’identifier précisément les contraintes et les atouts du terrain. La permaculture est ensuite un design. A partir de ces observations, il s’agit de réaliser les aménagements nécessaires pour exploiter les atouts et s’adapter aux contraintes du territoire. Ces aménagements sont eux même tirés des apprentissages de la Nature. Ce sont par exemple des associations variétales, des buttes, des fossés drainant, le paillage des sols, ect. Il y a autant de techniques permacoles que de fermes, chaque parcelle ayant ses atouts et ses contraintes naturelles propres. Un autre aspect de la permaculture est également l’arrêt de l’utilisation du pétrole. Tous les travaux agricoles se font à la main... ou à cheval. Ainsi, Guillaume, Julien et Ingrid peuvent compter sur Frivole, leur jeune jument comtoise, pour les aider dans les champs ! Il est cependant difficile de penser que le modèle permacole puisse être adopté par toutes les exploitations agricoles. L’approche est très différente de l’agriculture conventionnelle, qui utilise la béquille des intrants chimiques et de la mécanisation pour supprimer les contraintes et recréer artificiellement un milieu favorable. La permaculture demande un grand savoir technique et une présence permanente sur l’exploitation : elle exige la connaissances des associations variétales, la maîtrise des rotations culturales, des dates de semis... Elle impose également une charge importante de travail manuel et n’est pas adapté à un parcellaire aussi grand qu’en agriculture conventionnelle. En revanche, si le modèle dans sa globalité n’est pas généralisable, certaines techniques pourraient facilement être appliquées sur des exploitations conventionnelles, limitant ainsi l’érosion des sols et des écosystèmes. Ainsi, à la Rivoire, le maraîchage n’est pas en permaculture au sens stricte : le travail est encore en partie mécanisé et il y a peu d’associations. Mais le terrain a été pensé et aménagée selon les principes permacoles, la sortie du pétrole est un objectif, les plans sont paillés, certaines plantes associées... l’esprit permacole règne ! Alors que la présentation de Guillaume à ses hôtes touche à sa fin, nous ouvrons avec lui une discussion sur le statut du maraîcher. Selon lui, le paysan joue un rôle ingrat. Travaillant tous les jours de l’année, ne comptant pas ses heures et sous payé, il ne bénéficie d’aucune reconnaissance. Pire, d’aucune visibilité. Peu de personnes voient le maraîcher derrières les légumes qu’elles achètent, et peu d’entre elles connaissent leur travail ou soupçonnent leur savoir-faire. C’est donc extrêmement important pour lui de revaloriser cette condition de maraîcher paysan. Pour cela, il agit au niveau politique en faisant remonter ses problématiques au conseil municipal, espérant ainsi faire doucement évoluer la situation. Mais cette revalorisation passe également par des actions de sensibilisation, notamment auprès des publics non avertis. C’était ainsi l’objet sous-tendu de l’initiation qu’il proposait à ses hôtes aujourd’hui. Ancien nomade, Sylvain a aujourd’hui posé ses bagages à la Rivoire. Nous avons eu la chance de partager avec lui un très joli moment. Autour d’une bière (brassée au village d’à côté !) et sur le plancher de sa yourte en construction, nous avons parlé de voyages, d’oiseaux, d’éclairage public, de yourte, de vie nomade et citadine... Nous avons également eu le plaisir d’être invitées à dîner chez Agathe et Julien. Avec simplicité et les chaleurs, bercées par l’élocution très douce de nos hôtes, les conversations ont filé tout au long de la soirée.
Nous étions parties sur les routes attirées par l’image du cavalier voyageur. Nous pensions greffer à cette quête un projet de rencontres sur le thème de la transition écologique. Nous n’avions pas mesuré pas combien il serait difficile de voyager avec trois chevaux. Nous n’avions pas imaginé non plus combien nos rencontres seraient belles. Après trois jours de route, le voyage prend enfin tout son sens. Certes, nous courons encore après le temps, chaque décision sur la route est longue à prendre, nous nous empêtrons toujours avec la conduite du bât, et l’image du cow-boy libre et solitaire s’éloigne au loin. Mais nous avons découvert que le voyage réside davantage dans cet état d’ouverture et de disponibilité qui amène à la rencontre de l’autre, que dans la destination ou le niveau de technicité de randonnée. Nous avons rencontré des personnes qui nous ont marqué par leur choix, leur projet, leur mode de vie. Nous avons fait l’expérience de leur hospitalité et avons pour deux jours partagé leur vision. Nous commençons à saisir ce que voyager signifie… (Mais ne vous inquiétez pas, on ne désespère pas encore pour le cow-boy libre et nomade.) Camille raconte... C'est le grand jour. Après 8 mois de préparation, nous prenons la route ce matin. Ce n'est ni l'attaque nocturne d'un chat, ni la tente arrosée par un chien au matin qui vont diminuer notre enthousiasme. Nous sommes concentrées dans chaque geste. Petit déjeuner. Démontage du campement. Équilibrage des caisses. Pansage des chevaux. Sellage… il manque une sangle. L'aurions-nous oubliée dans le camion qui nous a amenés tous les cinq à notre point de départ hier ? Faux départ ? Nous retournons le box où nous avons rangé nos affaires pour la nuit et soulagement, Alexandrine retrouve la sangle. Nous finissons de seller. Les chevaux porteront le bât à tour de rôle, et c’est Kiri qui a l’honneur d’inaugurer la tâche. Une bâche est positionnée par dessus les caisses de bât, le tout assuré par le noeud de l'as de carreau appris la veille, nous sommes fin prêtes ! Nos parents nous ont rejoint pour nous souhaiter bonne route. Et ils ont le temps de nous la souhaiter, cette bonne route, puisque nous tournons en rond pendant dix minutes avant de trouver le chemin sur lequel nous engager. Tout sourire, nous partons enfin pour deux mois ! Mais notre joie retombe bien vite, Mousky boîte alors que nous venons à peine de faire un kilomètre. Le voyage va-t-il s'arrêter alors qu'il vient à peine de commencer ? Nous continuons d'avancer en ciblant des sols souples et finalement, la boiterie passe aussi vite qu'elle est venue. C'est définitivement parti pour 1000 km ! Après ce départ chaotique, nous prenons nos marques. Avec Saro, je mène Kiri bâté, et Alexandrine suit derrière, la carte à la main avec Mousky. Alors que nous nous arrêtons un instant pour vérifier notre route et que les chevaux se jettent sur l'herbe appétante du bord de chemin, une vieille dame sort de sa maison. Notre première rencontre depuis le début de ce voyage ! Notre sourire n'a pas le temps d'apparaître que nous nous faisons incendier. Nos chevaux vont saccager les plates-bandes et laisser des crottins partout, impudentes que nous sommes. Choquées de cette hostilité, nous repartons au plus vite. Nous ne le savons pas encore, mais cette rencontre sera l’exception de nos deux mois de voyage. Nous recevrons toujours un accueil chaleureux, que ce soit au détour d'un chemin ou le temps d'une soirée ! Pour ce premier jour, nous avions prévu une petite étape de 16 km. En théorie, arrivée 15h ! Mais nous voyageons plus en pratique qu’en théorie… Entre la recherche du bon itinéraire, les détours à cause d'un chemin impraticable, la conduite du bât et la première prise de contact entre tous les compagnons de route, nous arrivons à Sainte-Croix-en-Jarez vers 17h, épuisées. Nous sommes frappées par le contraste entre notre journée au calme sur les chemins, et l'activité du village. En effet, l'ancienne Chartreuse, qui a été transformée en village après son expropriation à la Révolution, attire beaucoup de touristes. Nous avons rendez-vous ici avec David Chataignon et sa famille. Un habitant nous indique la direction à suivre pour les rejoindre à la Ferme du Moulin des Chartreux. Nous entrons dans la cour, où nous attend David. Habillé d'un grand tablier blanc, il sort del'atelier de transformation charcutière et nous accueille avec le sourire. Il nous propose d’assister à la traite de ses chèvres, mais elle commence dans 20 minutes et nous devons encore décharger les chevaux et les installer dans un pré. Il faut faire vite ! Première étape, décharger et panser les chevaux : nous les installons à la barrière d’un petit pont et déposons les affaires dans un cabanon. Deuxième étape, monter le pré sur le terrain communal : espacer suffisamment les piquets mais pas trop, éviter les obstacles, choisir les meilleures touffes d'herbes, tout un art. Dernière étape, mettre le courant : après plusieurs tentatives, « ouille », c'est bon ! Nous allons pouvoir monter voir les chèvres. Nous suivons Mylène, stagiaire en école d’ingénieur d’agronomie, à travers la chèvrerie, la porcherie et le parc plein air des volailles de la ferme. Nous récupérons en chemin 4 chèvres qui avaient faussé compagnie au troupeau et les conduisons à Mathys, apprenti sur l’exploitation, pour la fin de la traite. Tous deux nous font visiter les installations et répondent au milliard de questions dont nous les assaillons, avec gentillesse et bonne humeur. De retour à la ferme, nous faisons connaissance avec Paul et Huguette, les parents deDavid. Ils nous proposent une douche, un lit et nous invitent à dîner. C'est providentiel après une telle journée ! À table, Paul nous raconte les évolutions de la ferme depuis les débuts de son père. Unecertaine harmonie semble régner depuis trois générations, pères et fils s’accordant sur le développement d’une agriculture paysanne. Un élevage diversifié à taille humaine, une volonté d’autonomie d’un bout à l’autre de la chaîne, un travail avec la Nature et une grande importance accordée à la valorisation de leur production par la transformation, telle est la ligne directrice. Paul a fait parti des précurseurs en participant il y a 30 ans à la création d'un magasin de producteur, La Ferme du Pilat, auquel la ferme adhère encore aujourd'hui. David est quant à lui autant passionné par l’agriculture que la cuisine, et allie ses deux passions en développant la gamme des produits fermiers. Paul nous fait goûter toutes les créations de son fils, et nous nous régalons de paté de chevrette, de rigotte, de pain d’épice, de Caramiel… Après une journée qui nous a semblé aussi longue que deux, nous trouvons le sommeil bien vite sur le canapé offert par Paul et Huguette. Et il vaut mieux car nous entamons la seconde journée de notre voyage à 6h30 à la fromagerie. David ayant été retardé par la tradition du Mai, nous en profitons pour aller voir les chevaux. Nous sommes heureuses de constater qu’ils sont toujours là, et qu’ils ont bien profité de l’herbe grasse de ce début de saison. Nous retournons à la fromagerie où nous retrouvons David. Alors qu’il confectionne sous nos yeux ses fromages, nous faisons plus ample connaissance. L’intérêt est réciproque. Il nous interroge. Que viennent faire deux parisiennes par ici ? Il nous demande comment sont-ils perçus, eux, « les ploucs », par les parisiens. A cette question, nous ne savons que répondre. Probablement que peu imaginent la personne qui produit leur viande ou leur légume, que peu soupçonnent son travail et son savoir-faire. Aujourd'hui, la ferme emploie un fromager et un boucher à temps plein qui préparent plus de cent produits transformés différents. Mais David nous explique qu’il est très difficile pour lui de recruter des employés. Les jeunes d’ici ont une mauvais image du métier, et peu s’y engagent alors que le secteur embauche. Il a donc choisi d'accueillir sur sa ferme des stagiaires et des apprentis, comme Mylène et Mathis, pour leur offrir une nouvelle image de la profession. La ferme organise des journées portes ouvertes, via le réseau de ferme en ferme, pour présenter au public leur métier et leur produits. Valoriser le métier de paysan, d’artisan et renouer le lien avec la terre : l’ambition de David et de sa famille ! La ferme du Moulin des Chartreux restera pour nous le lieu des premières fois. Première journée, et première arrivée chaotique. Première rencontre, et premier dîner partagé. Première interview, et premier échec micro. Première bouteille de vin, et première caillette. Pour moi élevée à la ville qui petite disait « Je veux devenir fromagère, parce que j'aime le fromage ! », c'était aussi ma première traite et ma première fois dans une fromagerie. Alors pour toutes ces premières fois et pour leur accueil, nous tenons à remercier Paul, Huguette, David, Marine, Mylène et Mathis !
Le 30 avril dernier, nous prenions la route pour deux mois de périple équestre, avec trois chevaux comme compagnons de voyage. Saro, Mousky et Hara-Kiri ont vaillamment arpenté avec nous près de 1000 km à travers les chemins du massif Central. La destination ne fait pas rêver ? Manquerait-elle d’exotisme, de panache ? Les vastes plaines mongoles ou le Far-West sauvage vous paraissent bien loin ? Détrompez-vous. Une terre n’a pas besoin d’être à 10 000 km de chez soi pour être attrayante. Le dépaysement s’offre à qui sait regarder, et tient plus d’un état d’esprit que de ce qui se révèle à nos sens. Nous n’avions jamais posé un orteil dans ces régions, le motif était suffisant. Et puis bonne nouvelle, pas besoin de cramer 10 tonnes de kérosène. Connaissez-vous les forêts du Pilat, la Burle aux pieds des volcans d’Ardèches, le paysage lunaire des Causses, l’immensité du plateau de l’Aubrac, les chemins de Margeride, le panorama sur la bordure Ouest du Livradois, la brume des Monts du Forez ou le soleil brûlant du Beaujolais ? La France est riche de régions naturelles extrêmement variées. Elle l’est aussi de ses différentes couleurs culturelles. Autant vous l’avouer tout de suite, nous avons été rapidement perdues entre le nombre de bises, entre la Rigotte, le Picodon et le Pélardon, entre la gnole et la liqueur de sureau, entre les Crêts, les Trucs et les Sucs, entre la truffade, le retortillas et l’aligot… Nous avons découvert des paysages grandioses, des spécialités culinaires délicieuses, mais avant et par dessus tout, nous avons rencontré des femmes et des hommes inspirants. Nous avons été touchées par leur accueil chaleureux, par la spontanéité du partage et la bienveillance des échanges. Ils sont les figures de notre voyage, et nous serions ravies de vous les présenter. Petit résumé de l’entreprise : Deux amies, étudiantes en année de césure. Trois chevaux Franche-Montagnes, experts de la randonnée. Huit mois de préparation : maréchalerie, secourisme équin et humain, harnachement et conduite du bât, matériel équestre, de randonnée et de bivouac … Une tente, une popotte, un réchaud + seize piquets et une clôture. Bref, de quoi monter un camp pour deux humaines et trois chevaux, soit 30 kg de matériel répartis dans 2 caisses de bât, 4 sacoches, 4 fontes et 2 charvins. Et nous voilà partis tous les cinq pour deux mois en parfaite autonomie et où bon nous semble sur les routes du massif Central. Ce voyage fera peut être l’objet à terme d’un projet rédactionnel plus vaste. Pour le moment, nous souhaitons partager avec vous les temps forts et les anecdotes marquantes de nos rencontres et de la route. Bonne lecture !
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Juin 2020
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