L'association Huilétic s'engage contre la pollution liée aux rejets d'huiles alimentaires usagées et revalorise localement ce déchet !
Merci à FX pour les vidéos à cheval et à Cédric pour son accueil.
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Après notre pause à Ardelaine, nous devons poursuivre notre route vers le sud pour aller rencontrer les membres de l'association Huiletic. Nous n'avons pas prévu à l'avance notre point de chute et décidons la veille de les contacter pour savoir s’ils auraient une idée d’un terrain disponible. Au téléphone je suis happée par l'enthousiasme de Cédric. Il me propose de venir dans le jardin en contrebas de la maison de sa collègue. Il me décrit le lieu : de l'herbe, de l'espace et même une petite rivière. Cela semble parfait ! Nous cherchons donc l'adresse sur une carte. Malheureusement, le lieu est trop loin pour s’y rendre en une journée à cheval. Cela nous rap.pelle notre changement de référentiel : 25 km c'est une journée pour nous, alors que sa collègue en fait le double matin et soir pour se rendre à l'association. Nous allons trouver une autre solution. Cédric nous propose de venir nous chercher à l’endroit où nous serons arrivées, pour nous conduire ensuite à l'association. Nous acceptons avec plaisir, cela nous donne plus de liberté quand à notre journée du lendemain. Alors que nous nous occupons des chevaux, Gérard Barras vient nous voir avec ses petits enfants, curieux de ces grands animaux dans l'enclos des brebis. Bien plus que nous, il s'inquiète de notre nuit du lendemain. Il propose d’en parler à sa fille, pensant qu’elle pourrait peut-être nous aider. Nous sommes très touchées par cette aide spontanée et nous nous couchons sereines quant à la suite du voyage. Le lendemain matin, en quittant Saint Pierreville, nous faisons halte dans une épicerie du village. Je laisse les 3 chevaux à Alexandrine et entre dans la petite boutique. En sortant, c'est la panique ! Les chevaux ont décidé d'écarteler Alexandrine et lui ont broyé les orteils tandis qu'elle essayait de répondre au téléphone. Nous décidons vite d'avancer pour retrouver le calme. Elle me raconte alors la chaîne de solidarité dont nous venons d'être les “victimes”. Elle a été appelée par Béatrice, la femme de Gérard que nous avons vu la veille. Leur fille a contacté une amie bergère pour savoir si elle pouvait nous accueillir. Malheureusement non. Mais cette amie a donné le contact de Bruno, qui lui aussi possède un peu d'espace à côté de sa maison et peut nous recevoir. Nous prenons donc la direction de la maison de l'ami, de l'amie, de la fille, de Béatrice et Gérard ! Après les émotions des dernières journées de voyage, le chemin de Saint Pierreville à Antraigues sera plus doux et paisible. Nous nous souvenons encore du goût du spéculos dégusté sous un grand arbre et devant une vue magnifique à Genestelle. Dernière étape avant Antraigues, le volcan de la Crau. Les chevaux traversent le pierrier avec dextérité. Mais la descente entre les arbres qui suit marque la limite de l'agilité de Kiri avec le bât. Je suis à pied pour le mener. Rien à faire, il se prend chaque tronc et ne semble pas s'en inquiéter... A Antraigues, nous sommes donc accueillies par Aude-Cécile et Bruno. Ils nous indiquent de monter le pré sur le terrain de foot des enfants. Le lendemain-matin celui-ci sera de nouveau opérationnel grâce à la tonte rase réalisée par nos trois franche-montagne et les crottins seront eux réemployés en fertilisant dans le potager. Un échange de services des plus naturels ! Ils nous proposent finalement de passer la nuit dans leur gîte, dont les travaux viennent de se terminer, et nous invitent à dîner avec leur ami qui tient l'épicerie du village. Nous sommes heureuses de partager ce moment avec une famille qui la veille n'avait pas connaissance de notre existence et nous accueille aujourd’hui avec une grande gentillesse. A table, la discussion est naturelle et chacun parle de ces projets de vie sans tabou. Cette soirée est l'une des nombreuses soirées du voyage où nous avons ressenti la chaleur de l'hospitalité et la magie d'une discussion simple et sincère avec des personnes inconnues quelques heures plus tôt. Le matin, Cédric vient nous chercher. Le hangar de l'association se trouve sur le bord de la départementale, Cédric nous fait visiter. Des bidons, des bidons, encore des bidons ! De toutes les tailles et de toutes les couleurs. Autour d'un café, il nous raconte l'histoire de l'association, les difficultés, les espoirs, les désillusions, les compromis. Cette histoire se mêle à sa propre vie, l'engagement sans limite pour l'association, le défaitisme vis à vis du politique et de l'environnement, le sentiment d'abandon. Il résiste dans un élan de création passionné et salvateur. Je suis frappée de plein fouet par sa réalité : un combat engagé pour l'environnement, mais qui n'entre pas dans les standards de la société pour être rémunératrice. Que faire ? Continuer, et vivre dans la précarité. Abandonner, et suivre sans passion une route normée. Cédric a choisi de continuer. Il porte de toutes ses forces l’association Huiletic. Cette association collecte les huiles usagées des particuliers et de plus de 900 restaurateurs dans un rayon de 150 km autour d’Asperjoc, évitant ainsi le rejet sauvage de ces huiles dans la nature. Elle en revend ensuite une partie à des industriels pour faire des biocarburants et souhaite transformer la partie restante en huile de chaîne de tronçonneuse, pour limiter la pollution en forêt. Investir dans un local, du matériel, un véhicule, se verser un salaire et sillonner les routes de la région la semaine durant : tout cela a un coût, que la collecte gratuite et la revente d’huile au prix du baril ne comble pas. Sans soutien financier public, Huiletic fonctionne à perte et Cédric devient bénévole. Mais malgré les difficultés, il dévoue à ce projet toute son énergie et compte bien que le slogan ‘Plus une goutte d’huile en Ardèche’ le fasse vivre un jour. 4/12/2020 #Vidéo 5 - La SCOP Ardelaine - Sauvegarder des savoirs-faire ancestraux et relancer l'économie localeRead NowEn 1972, sept amis font le pari de relancer la filière laine en Ardèche. Aujourd'hui, la SCOP Ardelaine est motrice de la dynamique territoriale et transforme durablement cette matière première oubliée en matelas, couettes et autre pulls!
Merci à Claire, Nadia, Willy, Béatrice et Gérard pour leur accueil ! Merci à FX pour les vidéos à cheval ! Alexandrine raconte... La liberté, en voyageant avec un cheval de bât, c’est le luxe de pouvoir se passer d’un programme. C’est de pouvoir aller où l’on veut, quand on veut, au gré de ce que l’on découvre sur la route. Mais cette liberté fait peur. L’inconnu fait peur. Surtout quand on trois grandes bêtes à nourrir et à installer confortablement tous les soirs en juste contrepartie de leurs services rendus. Donc au début, on assure nos arrières avec des points de chutes bien définis. Et puis petit à petit, chacun trouve sa place. Les chevaux maîtrisent le travail du bât, les cavalières maîtrisent le travail de la carte, la troupe arrive à décaler vers 9h et les kilomètres défilent. On a entendu sur la route qu’il serait dommage de traverser l’Ardèche sans passer par les monts du Mézenc et du Gerbier. (Notre programme, lui, pensait tracer tout droit. Efficace). Alors ça y est, on se sent prête pour le grand bain et on décide de quitter les sentiers battus pour se lancer à l'assaut des deux sommets. Il s’agit de décrire un arc de cercle vers le Nord pour grimper sur la ligne de crête, y rencontrer le Mezenc puis le Gerbier, avant de redescendre boucler la boucle une trentaine de kilomètres sous notre point de départ. Une affaire de trois jours à travers les Sucs volcaniques. Trois jours les plus chaotiques du voyage. Qui ont éprouvé les nerfs des cavalières, occasionné la perte de gants et le déchirement d’un pantalon, donné un aperçu du blizzard polaire et fait trembler les chevaux. Digression Je serais donc tenté d’écrire “mal nous en a pris”. Mais en y réfléchissant, je ne le crois pas. Dans les trois quarts du temps, en voyage, il ne se passe rien. Rien qui puisse se raconter avec des verbes d’actions haletantes. Lire une dissertation de 15 pages sur la douce quiétude qui s’installe lorsque, bercé par les pas d’un cheval, on observe lentement le paysage se transformer est ennuyeux. (Rien qu’avec cette phrase je vous ai perdu). Expliquer pourquoi il est si agréable de ne rien faire d’autre que de profiter du moment présent en vivant au grand aire est trop ardu pour s’y risquer. Alors au retour, quand arrive l’inévitable question “Raconte, c’était comment ?! ”, eh bien on ne répond pas grand chose d’autre que “C’était bien”. Malheureusement, cela satisfait rarement la curiosité de notre interlocuteur avide de sensations fortes. Alors on ressort les grands moments épiques de notre aventure, qui se comptent sur les doigts de la main mais qui laissent des souvenirs impérissables. Ces fameux trois jours vers le mont Gerbier en font partie. Nota bene : Vous pouvez choisir d’arrêter votre lecture ici, ou de continuer pour découvrir nos péripéties. Seulement, ne soyez pas déçu si elles ne sont pas à la hauteur de ce teasing. Souvenez vous qu’une simple pluie ou qu’un simple tronc couché peuvent sembler inoffensifs, comme se révéler cataclysmiques lorsqu’on a trois chevaux à gérer, un bât et 30km dans les pattes. Fin de la digression Jour 1 L’arrivée sur le plateau nous offre une vue panoramique sur la crête en arc de cercle, jalonnées des deux sommets emblématiques. Dans quelques jours nous serons en face. Grisant. Mais après 8h de route, nous sommes toujours perdues au milieu de fourrés humides, à sortir puis rouler en boule nos attirails de pluie au gré des caprices météorologiques. Alors que nous tournions tranquillement à un rythme de 15 à 20 km par jour depuis notre départ, nous dépassons aujourd’hui la 30e borne et notre havre hospitalier pour la nuit semble encore loin. Plus grisant du tout. La fatigue pèse sur les muscles et le moral. Étrangement, alors que j’adopte une démarche de canard pour tenter de détendre mes jambes, je suis envahie par un sentiment de colère inexpliqué. Sentiment toxique pour le bon fonctionnement d’un groupe, vous en conviendrez. Surtout lorsque vous êtes perdu au milieu d’une zone humide. Heureusement Camille prend la tête de notre petite troupe et nous conduit à bon port au village de Fay-sur-Lignon. 40 km au pas, ou le jour le plus long de notre périple. Cette anecdote paraît sans intérêt, pourtant c’est ici que l’histoire de notre troupeau à 5 commence à s’écrire. (Sortez les mouchoirs). Lorsqu’un membre commence à flancher, un second prend le relais. (Fin du mélo). La montée raide jusqu’au pré que nous avons déniché semble insurmontable. Heureusement, notre hôte nous attend avec un sirop de sureau qui, c’est bien connu, guérit tous les meaux. La petite soixantaine, artisan maçon, notre hôte est d’une gentillesse et d’une jovialité sans faille. Alors qu’il s’apprête à se rendre à un match d’impro (dont il est grand fan), il décale ses plans pour nous et installe les chevaux dans une pâture immense. Si grande qu’on doute un instant de les retrouver au matin. Cette question passe aussi vite qu’elle est venue. Il est 19h30 et notre seule aspiration est de monter la tente et de s'asseoir devant un bol de pâtes au pesto. Jour 2 Au matin du 2e jour, nous faisons connaissance avec la burle. Un vent qui hurle à s’en faire mal aux oreilles. On resserre les tendeurs autour de la bâche du bât qui menace de prendre son indépendance, on s’emmitoufle dans capuche et bonnet, les chevaux s’abritent les uns les autres et on se fraye un chemin dans ce boucan. Le soleil est haut et pourtant l’on s’imagine facilement la rudesse de ce climat en hiver. Ce qu’on imaginait pas en revanche, c’est que l’hiver arriverait de sitôt. Le contournement du Mezenc et la perte d’altitude nous offre un répit et nous profitons du panorama grandiose en déambulant entre les sucs volcaniques. Nous arrivons devant une exploitation, où les vieux hangars côtoient les vieilles ferrailles. Une quinzaine de chiens hurlent à la mort. Pas âme qui vive. Peu rassurées, on s’engage pour atteindre l’estive au bout de la route quand on aperçoit une silhouette courant vers un hangar. On en est persuadé, le gars va ressortir avec une carabine pour nous interdire le passage. On entend un moteur. Notre imagination s’emballe. Finalement on découvre la silhouette en train de déplacer son tracteur pour nous ménager un passage vers l’estive. Il nous adresse ce que l’on interprète comme un sourire et nous enjoint de bien refermer les portes. On promet en lui rendant son sourire et en méditant sur les apparences trompeuses. L’après-midi est longue. Il faut remonter les 400m de dénivelés perdus le matin, accepter les averses qui tombent sans sommation et composer avec les moto-cross plus surprises que les chevaux de nous croiser au détour d’un chemin. Prenez ces trois éléments adverses simultanément, ajoutez-y la fatigue de la journée et la faible expérience en maniement de bât, vous obtiendrez un tas emmêlé de chevaux et de cavalières. Dans ce bazar, un piquet de clôture du bât vient griffer ma cuisse et déchirer mon pantalon. Cet épisode sonne le début d’une nouvelle activité vespérale, la couture. A peine remontées sur la ligne de crête, nous retrouvons la burle. Cette fois accompagnée de son amie la grêle. Le Gerbier se découpe sur un ciel noir, dans une ambiance irréelle. Pas le temps pour la contemplation, il faut trouver un abri pour la nuit. Nous avions repéré ce matin sur la carte une sorte d’exploitation équestre. Les 7km qui nous en séparent, sur le bitume et sous la tempête, ne sont pas les plus agréables du voyage. Le cow-boy qui nous accueille est un personnage à lui tout seul. Malgré ses rodomontades, il prend soin des chevaux et les installe dans un paddock. Pour nous, il nous propose de partager l’écurie de son étalon Quater-Horse. On s’installe donc dans le foin et on cauchemarde toute la nuit en imaginant nos compagnons en proie à la Burle. Jours 3 Effectivement, au matin les chevaux n’ont pas passé la meilleure nuit de leur vie. Ils tremblent. On lève le camp en une demie heure, sous la pluie et dans une panique à peine maîtrisée. Pendant deux heures, on marche en bravant les bourrasques et la trombes d’eau pour tenter de réchauffer l’équipe. Dans un village désert, la pharmacie indique 2°C, mais le ressenti approche plutôt les - 8000. Dans notre départ précipité, j’ai égaré mes gants. Ce n’était vraiment pas le jour pour ça. Impossible de tenir en longe Saro sans perdre mes doigts. Je le passe donc à Camille et rapatrie mes mains sous mon imper. Les chevaux marchent en crabes pour se protéger des bourrasques. Véritablement, l’ambiance est apocalyptique. Mais la fin du monde n’est finalement pas pour aujourd’hui et le temps finit par s’apaiser. Cette tempête nous laisse hagards, perdus dans un paysage brumeux et détrempé. Notre unique objectif est de perdre de l’altitude pour s’éloigner de ce climat de fou. Alors on s’enfonce sans sourciller dans un chemin forestier qui descend dans la vallée. Si nous avions croisé ce chemin à la fin du voyage, l’expérience nous aurait dissuadé de l’emprunter avec le bât. Mais à cet instant, l’expérience, nous ne l’avions pas. Ce qui devait arriver arriva. Après deux heures de descente compliquée, où chaque passage délicat franchi interdit un peu plus le retour en arrière, nous voilà bloquées devant un gué. Dérisoir pour un piéton. Infranchissable pour un cheval chaussé de sabots. En effet, nous sommes dans une petite ravine et le seul passage pour traverser et récupérer le sentier a été aménagé avec des grosses pierres en dalles rondes et glissantes. Impossibles d’engager les chevaux dessus. Impossible également de faire demi-tour. Je rajouterai enfin que le GPS a perdu notre trace. Après une heure de recherche, on finit par repérer une trouée sur le flanc raide de la berge opposée, qui pourrait être empruntée pour rejoindre le sentier. On explique aux chevaux qu’on a pas de meilleure solution, qu’ici ils n’ont de toute façon rien à manger, qu’il faut nous faire confiance et que ça va passer. Je convaincs Mousky en premier. Ca passe. Kiri suit avec Camille. Ca passe aussi. Saro, bâté, ne veut pas être en reste et décide de nous suivre avant que nous soyons revenu le chercher. Mais avec le bât, ça ne passe pas. Saro est coincé, le bât dans un tronc, sur une pente à 60° avec le cours d’eau en contrebas. Tout compte fait, la fin du monde est peut-être pour aujourd’hui. On se précipite pour l’aider à se libérer. En tirant sur ses jarrets et son dos, il parvient à se hisser sur le chemin pour rejoindre ses copains - les cavalières se sentent un peu (beaucoup) coupables de les avoir entraînés dans cette affaire. Vous pensez peut-être comme nous que le sort s’est suffisamment acharné pour aujourd’hui. Que nenni. 1 km plus loin, un arbre déraciné par la tempête nous coupe la route. Qu’importe, on le contourne en se frayant un chemin à coups d’opinel dans les ronciers. Plus loin, c’est le chemin qui disparaît, purement et simplement, en nous laissant face au vide d’une corniche. Y a des jours comme ça. Le soleil revient alors que nous retrouvons les châtaigniers dans la vallée. Nous avons rendez-vous à Saint-Pierreville avec Béatrice Barras, une des fondatrice d’Ardelaine. Il se peut que nous ayons un pris un peu de retard. Nous croisons une dame sur la route, intriguée par notre convoi. Nous nous octroyons une pause en discutant avec elle. Je suis toujours surprise de la chaleur et de la spontanéité de ces rencontres impromptues. Nous nous connaissons à peine que déjà elle serait prête à nous héberger. Ce serait tentant si nous n’étions pas attendues ailleurs. Il est 17h et les chevaux nous signifient qu’il est l’heure du casse dalle. Alors plus le temps pour les palabres, direction Ardelaine. L’endroit est magnifique, Béatrice, Willy et Nadia sont extrêmement accueillants, les chevaux sont confortablement installés et les cuirs mériteraient bien un coup de graisse. Nous décidons donc que notre tente restera plantée un jour de plus ici. Il faut bien se remettre de ses émotions. L’histoire d’Ardelaine est belle. Les valeurs qui y sont défendues sont justes. La cohérence de son fonctionnement est sans faille. Son engagement dans la vie du territoire nous a touché. Mon récit s’est déjà bien top éternisé, alors nous vous laissons découvrir cette belle aventure humaine, écologique et sociale à travers notre vidéo et notre plaquette ! Alexandrine raconte... Nous avons quitté Antoine après la traite, et faisons route vers St Félicien où nous attendent Camille et Manu. Bien sûr, ces trois là se connaissent. Bien sûr, le second Antoine que nous présentera demain Camille, connaît Philippe, du domaine de la Rivoire que nous avons quitté trois jours plutôt. D’amis en recommandations, notre route a pour toile de fond un continuum de personnes se connaissant de proche en proche, et le monde semble bien petit parcouru ainsi à cheval. Camille et Manu tiennent un relais équestre, où nous projetons de nous arrêter le temps d’une journée. Voilà quatre jours que nous nous débarbouillons à l’eau des fontaines, le froid est mordant pour la saison et nous arrivons à court de vivres. La perspective d’une douche et d’une nuit au chaud est donc réjouissante ! Nous progressons au milieu des genêts. Le soleil brille, les chemins sont agréables et Mousky, qui a très bien compris le travail du bât, nous suit tranquillement. Bref, tout va pour le mieux. Puis, le sentier débouche sur une grande prairie bordée d’arbres, une rivière coulant en contrebas. Un lieu idyllique. Le spot de sieste rêvé. Nous apercevons le sentier qui se poursuit par delà la rivière, après l’avoir traversée par un petit pont. Un trop petit pont. Encadré de deux balustrades, il n’est large que de 130 cm là où il nous en faudrait 150 pour traverser avec le bât. Laissant les chevaux profiter de l’herbe grasse de ce début de saison, nous longeons la rive à pied à la recherche d’un endroit où traverser à gué. C’est peine perdue. Des barbelés clôturent les berges et le pont apparaît comme la seule trouée. Nous considérons l’option de faire demi-tour, mais cela ajouterait 12 km au compteur d’une journée déjà bien entamée. Nous nous résolvons donc à débâter Mousky. Il nous faut ensuite transporter les caisses, puis faire traverser les chevaux et enfin, une fois l’équipe et le matériel réunis sur l’autre rive, rebâter de nouveau. Franchir ces 10 mètres nous aura demandé une bonne heure. Tant pis pour la sieste… Au détour d’un chemin, l’horizon s’ouvre et nous laisse apercevoir les crêtes du Vercors. Seule la vallée du Rhône nous sépare de ce massif auquel nous faisons exactement face. Leçon de géographie grandeur nature. Le Grand Veymont est enneigé, tout comme les sommets voisins. Peut-être l’avions nous déjà dit, mais le printemps semble avoir deux mois de retard cette année et le temps est particulièrement froid pour la saison. Aussi avons nous une pensée émue pour les cavaliers des Monts d’Or, partis en même temps que nous mais en direction de ces plateaux enneigés. Alors que nous contemplons le massif, nous les imaginons affronter un blizzard digne du Grand Nord et notre situation nous paraît alors parfaitement confortable. La halte chez Camille et Manu est très douce. Outre le confort d’un lit au chaud et la satisfaction de savoir les chevaux bien installés, outre le plateau magique de pâtes à tartiner et les repas délicieux, c’est avant tout la bienveillance et la conversation passionnante de nos hôtes que nous retiendrons. Tout plaquer pour s’installer en Ardèche. Restaurer une fermette, y monter un projet d’accueil. Reprendre des études de Shiatsu équin. S’inventer carreleur, maçon et boulanger. Fabriquer ses produits ménagers, faire vivre les producteurs du coin, s’impliquer dans le tissu associatif local. S’essayer à un mode de vie décroissant. Camille est aussi bavarde que Manu est taiseux, mais tous deux partagent le même plaisir d’échanger, sur tout et avec tout le monde. Sur la cuisson de la brioche, la conservation de la biodiversité, le crottin de cheval ou les initiatives alternatives à 50 km à la ronde. Et toujours sous le coude un livre à prêter pour alimenter une réflexion. Autant vous dire qu’on repart avec une pile à lire impressionnante. C’est grâce à Camille que nous avons pris contact avec Antoine et Magalie, les boulangers paysans de Pailharès. Alors que les chevaux profitent d’une journée de repos au pré, c’est elle également qui nous accompagne à leur rencontre. La ferme de Tisseron n’est pas de ces lieux où l’on arrive par hasard. Les chemins pluvieux que nous suivons pour aller à la rencontre d’Antoine et Magali ont comme un petit goût de bout du monde. A la fin du chemin de terre, nous apercevons pourtant un vieux corps de ferme et notre présence est immédiatement détectée par les chiens. Antoine, qui travaillait le bois dans son atelier, vient à notre rencontre. De la première à la dernière, chacune de nos rencontres nous aura fait ressentir cette ambivalence entre appréhension et curiosité. Nous sommes assez lucides pour savoir que nous pouvons être perçues comme deux petites citadines (pire même, parisiennes) venues se perdre dans la cambrousse. Nous savons également que notre passage peut sembler une intrusion dans la vie de travail, mais aussi de famille des personnes que nous rencontrons. Aussi, les premières minutes de nos rencontres sont souvent celles où l’on patauge un peu. Mais c’est à ce moment que les chevaux entrent en jeu et nous sauvent la mise ! Troisième pion dans la partie, ils décentrent la relation binaire et directe qui s’installerait entre nous et notre hôte pour devenir la préoccupation centrale de tous. Nous cherchons à les installer confortablement pour la nuit, et notre hôte se plie en quatre pour nous aider dans cette tâche. L’attention n’étant alors plus portée ni sur nous ni sur lui, la glace se brise, les langues se délient et le naturel revient au galop. Mobilité d’un autre temps, le cheval intrigue. Il rappelle des souvenirs passés. Il fait aussi sourire. Le sourire des inconnus à pied, à vélo ou en voiture qui nous croisent sur la route, mais aussi des personnes chez qui nous nous attardons. Nos trois chevaux, notre fourbi, les heures de préparation minutieuse, l’attention portée au bien être de nos compagnons de route… Les personnes que nous rencontrons y sont sensibles, et peu à peu les parisiennes sont oubliées pour laisser place aux cavalières voyageuses. Aussi sommes nous assez dépourvues de débarquer chez Antoine sans Mousky, Saro et Kiri. Mais nous ferons sans eux aujourd’hui ! Après s’être salués sous la pluie, nous rentrons nous abriter dans l’atelier. Antoine semble réservé. L’appareil photo et autre micro restent donc pour le moment au fond de nos sacs et nous ouvrons la discussion sur ce qui nous entoure : le bois. Nous ne savons pas grand chose de ce couple, hormis que Camille leur achète du pain au marché le dimanche matin. En venant, nous avons aperçu des moutons et des chevaux de trait, et nous voici maintenant entourées de planches et sciures de bois. Notre curiosité est attisée. Quel est le lien entre toutes ces activités ? Alors Antoine nous raconte. Il nous raconte sa passion pour le travail du bois. Ébéniste de formation, il rêve de débarder avec ses chevaux et de fabriquer des meubles, maîtrisant ainsi de bout en bout la filière du bois. Il nous raconte la volonté d’autonomie, qu’il partage avec sa compagne Magalie. C’est dans cette philosophie qu’ils ont rejoint un projet de collectif monté par des amis à Tisseron. Ce projet n’a pas tenu mais qu’importe. Magalie et lui ont racheté la ferme, décidés à y lancer une agriculture vivrière très diversifiée. Il nous raconte alors leur formation de berger, l’élevage de brebis, leur choix de sélection vers une race rustique et locale. Puis la culture de légumineuses, de pommes de terre et de châtaignes. Puis la production de fruits, en leur transformation en jus dans une coopérative locale. Enfin la production de céréales et la confection du pain, activité dont il dégage leur principal revenu. Il nous raconte son choix de la traction animale et sa peur d’y renoncer, par goût de la facilité, s’il achète un jour un tracteur. Il est toujours captivant d’écouter quelqu’un de passionné, et il est toujours plaisant de parler de sa passion. Une réciprocité qui favorise les échanges simples et vrais. Antoine nous emmène alors visiter son atelier de meunerie et son four à pain, puis nous invite chez lui à boire un verre. Attablés dans la grande salle, nous dégustons ses jus de fruits maison et faisons la connaissance de Magalie et de leurs deux jeunes enfants. Les conversations filent : la difficulté de faire sa place sans famille agricultrice garante, le regard réprobateur des anciens face à leurs choix de techniques paysannes d’antan, leur potager, leur pain et leur viande qui leur permettent d’atteindre une quasi autonomie alimentaire… Le couple vit avec 1000€ par mois et pense pouvoir dégager, à terme, deux smics de leur production. Cette somme nous paraît bien faible pour faire vivre une famille de quatre personnes. Pourtant, Antoine et Magalie nous assurent se satisfaire parfaitement de ce revenu. Premièrement, étant propriétaires de leur ferme et pratiquant une agriculture vivrière, ils n’ont pas à assumer ces deux postes de dépenses que sont le logement et l’alimentation. Ensuite, la raison principale demeure leur philosophie de vie : le couple a choisi de vivre de leur passion avec sobriété. Les rencontrer nous aura ouvert une nouvelle perspective. Il est claire que tout le monde ne pourrait pas vivre ainsi, mais ramener une forme de sobriété dans nos vie où l’on ne discerne parfois plus le futile de l’essentiel nous apparaît maintenant comme une évidence. Puis vient l’heure de rentrer les brebis. Nous suivons Magalie sur les chemins, le plus jeune des enfants installé sur son dos et l'aîné équipé de bottes trottinant à côté. Arrivée au limite du parc, elle appelle et il ne faut que quelques minutes pour voir apparaître les premières toisons derrière les fourrées. Elle guide ensuite le troupeau vers la bergerie et nous fermons la marche, comme sur le pas-de-porte d’un autre monde.
La Ferme de Tisseron, un savant alliage entre :
Passion : pour le travail de la terre et du bois Conviction : pour l'agriculture respectueuse, diversifiée et à taille humaine Philosophie de vie : pour l'autonomie et la sobriété Famille : pour partager tous ces choix de vie ! Merci à Antoine et Magalie pour leur accueil ! Merci à FX pour les vidéos à cheval ! L'Hôte-AnTique c'est l'histoire ...
... d'une passion : l'élevage, les brebis, la production de fromage. ... de valeurs : le respect des animaux et des hommes. ... d'une famille : Antoine, Cécile, Joannès et Macéo. /!\ Son sans trucage ! Immersion totale dans une salle de traite et son ambiance sonore ! Merci à Antoine et Cécile pour leur accueil ! Merci à FX pour les vidéos à cheval ! |
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Juin 2020
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